Évènement – Agora, Biennale de Bordeaux Métropole, 2015

« Par les toits qui courent, je traverse, je file droit, je monte ou descends…
Par les toits qui courent, je prends le temps. »

Passés les préjugés sur le milieu urbain, la frénésie laisse place à la promenade, lente et contemplative. Ce sillon qui se dessine sur les sommets des toits bordelais se moque des traditionnels axes de circulation de la ville, qui se veulent toujours plus rapides et sans détours.
Cette randonnée urbaine traverse les quartiers emblématiques de Bordeaux, crée des liens entre des points de vue uniques, et propose une redécouverte de la ville comme un nouveau terrain de jeux.
Nous choisissons de partir à l’assaut d’un paysage aérien méconnu et de l’arpenter dans ses changements de niveaux, ses décrochés.

Sur le long terme, ce sont tous ces toits au maillage serré, parfois plus lâche, mais assurément opposés à l’assise plane de la ville qui seront désormais accessibles.
C’est le lieu du silence, loin de la circulation, le lieu de la brise qui se fraie un chemin entre les toitures, le lieu de contemplation de la lumière bordelaise, si emblématique et emprunte de poésie. Cette lumière semble glisser sur les toits ocre ou griso. Elle travaille avec ces couleurs, avec les aspérités des tuiles, cassant les lignes et jouant avec les ombres. C’est un lieu privilégié pour observer le mouvement continu de cette matière impalpable.

 

 

Mais cet axe n’est pas une simple circulation. C’est une ligne végétale qui se déroule sur onze kilomètres. Hors du commun, elle représente une surface d’un hectare de substrat qui capture une biodiversité aventureuse, curieuse et assoiffée de nouveaux mondes et de nouveaux horizons.
Ce sillon végétal assure une réelle continuité en faveur du vivant.
Animée par les vents et les flux, accrochée aux manches de nos vestes ou coincée dans nos chaussures, la vie végétale et animale trouve une nouvelle place dans un milieu urbain généralement hostile car trop aseptisé.

Ce sillon évolue de manière autonome, dans le sens où il accueillera (à terme) une végétation herbacée spontanée.
Cela permet de favoriser les essences locales et complètement adaptées, se déchargeant ainsi de tout entretien mais aussi de toute aberration biotopique. Depuis le jardin public ou encore du jardin botanique, certaines graines partent à l’assaut de ce chemin qui leur est ouvert et lentement, avec le temps, elles se promènent, se rencontrent et choisissent une place pour se développer.