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Et si seulement, aux premières lueurs du jour, des promeneurs curieux et joueurs les faisaient chanter…

Et si nous tous, nous devenions pour un temps, les musiciens d’un orchestre d’arbre à cordes…

C’est en traversant le bois Davas que pour la première fois, j’ai dialogué avec un arbre. Il ne m’a pas répondu quand je lui ai demandé l’heure, mais il m’a répondu quand j’ai demandé le tempo. Mon geste est celui d’un guitariste maladroit, le câble que je viens de pincer ne s’en soucie guère et déjà, il entame son oscillation rapide puis lente, longue et grave vers ce point qui m’est encore inconnu. Tous ces câbles tendus au travers de la forêt semblent conduire quelque part, mais il faudrait sortir du droit chemin, en suis-je capable? Ils semblent m’indiquer un passage que j’étais sur le point de suivre puis tout à coup, sans que je ne m’y attende, une nouvelle note vibrante me traverse…
Ne suis-je donc pas seul? C’est que les promeneurs plus loin sur le sentier eux aussi sont curieux de ces fils rouges sortant de nulle part. Je leur réponds, un troisième s’y essaye, une mélodie s’improvise et le bois chante. Chacun des câbles tendus depuis un arbre dévoile son timbre de voix propre, semblent se répondre, se parler: nous jouons ensemble avec la nature. Je continue ma route en effleurant ces cordes de guitare et la forêt vibre, me prend au tripes. C’est alors que je croise un des musiciens d’un jour, nous discutons longuement, nous rejouons encore et à chaque fois une mélodie nouvelle.

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Nous continuons le cheminement sur la partition, ensemble, car tous deux, secrètement, nous cherchons quelque chose, ce «quoi» qui nous a fait danser ce matin là. Mais nous espérons aussi un peu plus, rencontrer les autres car nous en sommes sûrs, les musiciens sont plus nombreux, là quelque part… Nous ne les croiserons pas tous mais nous trouverons le point de confluence des cordes dans cette clairière, le chemin nous y conduit et je me rends compte que je me suis inquiété un instant, pour rien… Il se diffuse à travers la forêt. Ici, les arbres et les hommes se rencontrent. Alors, inspiré par cette nouvelle note grave et profonde provenant de la forêt, nous prenons des risques et sortons des sentiers battus pour trouver ce vieux chanteur…
Après avoir suivi la corde que nous nous sommes appliqués à faire vrombir, le voilà, bien ancré, profitant du soleil ses racines à la fraîche.
Nous avons tout à coup une impression bizarre, nous sommes chez lui, l’arbre par nature si secret nous a dévoilé quelque chose de lui, quelque chose en lui. Ce chêne doit avoir l’âge cumulé de tous ces musiciens d’un jour et l’on se prend à le regarder, à l’écouter, et le temps s’arrête un instant. Sur ce sentier aujourd’hui, je me suis rapproché des arbres, cela faisait longtemps que je n’avais pas regardé autour de moi, cette nature discrète qui un jour m’a abordé, et avec qui j’ai chanté.

«L’arbre est un organisme tellement généreux qu’il offrirait son ombre à ceux qui viendraient l’abattre » Francis Hallé.

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Le chant des arbres